Les jardins de Kerdalo

Par Iris Makoto

Crées par le peintre Peter Wolkonsky, les jardins de Kerdalo situés sur la commune de Trédarzec dans les Côtes-d'Armor, étalent leurs 15 hectares de couleurs en un tableau mêlant sophistication et nature exubérante.



Un jardin d'artiste


C'est en 1965 que l'aristocrate et peintre russe Peter Wolkonsky tombe amoureux de ce lieux où l'eau, très présente par le biais des 3 sources et de la rivière du Jaudy qui traversent le parc, sera son fil conducteur. Il décide de transformer l'ancienne ferme dont plus personne de voulait en un somptueux manoir et d'y créer une œuvre végétale paysagée. Dès lors, le peintre abandonnera les pinceaux pour se consacrer à son nouveau tableau vivant agençant les couleurs avec goût et composant des scènes au charme fou.


Il y creuse des bassins, façonne des escaliers d'eau et des cascades, construit une grotte pour y abriter ses œuvres et ponctue le jardin de notes colorées et de trésors botaniques.


Depuis son décès en 1997, le parc est géré par Isabelle, sa fille, et son époux Timothy Vaughan, paysagiste, qui mettent un point d'honneur à faire perdurer l'œuvre de l'artiste. Ils y réussissent avec brio puisque le jardin est classé depuis 2005 "Jardin Remarquable".


Une œuvre jardinée


Passé le portail massif, la nature magnifiée par les mains de l'homme nous accueille de sa splendeur dans cet espace vallonné. En son creux, s'élève le manoir, imposant sa silhouette hiératique ceinte par de somptueux végétaux tels un céanothe couvert d'inflorescences bleu azur ou de rosiers grimpants au charme d'antan. Il trône au-dessus de vastes pelouses découpées en carrés de plantes choisies pour leurs coloris ou leurs textures. Les graminées se plient au moindre mouvement du vent, mettant en scène les éléments avec délicatesse, les arbustes taillés en boules apportent encore une note de douceur à cet univers poétique.

Au-dessus du manoir, de vastes terrasses abritent des plantes exotiques. Exposée plein sud, cette partie du jardin nommée avec humour "Le petit Nice", présente de surprenantes touffes d'échiums des Canaries, mais aussi de phormiums panachés de jaune ou encore de beschorneria yuccoides aux hampes florales spectaculaires.

L'ambiance change progressivement dans la "Vallée du Haut" où l'eau, toujours très présente, forme un miroir reflétant une pagode chinoise en bois. Ici, les massifs de rhododendrons rivalisent de beauté et accompagnent notre descente dans la vallée de leurs tons roses et violets.

De magnifiques sujets d'érables du Japon, aux feuillages pourpres et découpés, émaillent le chemin engazonné descendant au travers de la Lande dorée vers l'étang où des rhododendrons jaunes et orangés nous surprennent de leurs coloris tout en gaieté.
La végétation se fait luxuriante, les gunneras déploient leur feuillage gigantesque au-dessus de l'eau, alors que les arums blancs, les lysichitums et les primevères japonaises rivalisent de beauté profitant de la riche terre humide du bord des berges. Une statue de cheval palmé surgissant de la végétation veille sur cette étendue d'eau apportant une touche de poésie à la scène déjà très bucolique.

Plus loin, nous voilà dans le domaine des azalées qui se plaisent en ce sol acide propice à leur croissance. De beaux sujets d'érables (rubrum, griseum ou trifolium) se partagent la vedette complétant le luxuriant tableau de leur feuillage rougeoyant.

Le chemin lumineux descend en pente douce vers un univers plus intimiste encore. Des dalles carrées suivant un cheminement oblique traversent l'étendue d'eau pour nous conduire à la grotte italienne encadrée elle aussi par d'immenses gunnères. Elle abrite des bas-reliefs réalisés par Peter Wolkonsky représentant un univers imaginaire fait de sirène, de reptiles et de poissons en coquillages.


Nous profitons des nombreuses retenues d'eau qui se succèdent dans ce vallon enchanté, bordées d'osmonde royale, de fougères arborescentes et de pieds de rhubarbes ornementales au feuillage souligné de pourpre. Un étrange escalier d'eau nous interpelle alors. Sortant d'une porte apparue dans la végétation, il se jette en souplesse dans un miroir aquatique, brisant de sa douce cascade sa sérénité.Le chemin remonte alors vers le grand pré bordé de beaux sujets d'arbres tels que des chênes, des magnolias, des sapins et même des araucarias. En haut de la vallée, tout en rondeur, le pigeonnier domine. Le chemin remonte vers les terrasses, mais avant, nous nous laissons aller à admirer la tonnelle soutenant une graphique glycine.
Les escaliers de pierres se succèdent, l'univers est foisonnant de plantes : acanthes, kniphofias, euphorbes et cistes y règnent en maître. Nous sommes de retour dans la partie chaude du jardin, profitant de ces derniers instants de paix intérieure avant de quitter Kerdalo pour un retour dans le monde réel.



Informations pratiques



Jardins de Kerdalo
Kerdalo
22220 - Trédarzec Tréguier
Tél : 02 96 92 35 94

Accès
Axe Tréguier-Paimpol N 786. Prendre 3 km après Tréguier à gauche, Trédarzec.
Dans le bourg, prendre la D20 pour Kerbors, 1ère à gauche en quittant le bourg, puis 2 fois à gauche, puis tout droit.
Coordonnées GPS (Lat x Long) :
48.789923000, -3.217047000

Horaires
Ouvert en avril, mai, juin et septembre, les samedis et lundis de 14 h à 18 h.
Juillet et août, tous les jours, sauf dimanche de 14 h à 18 h.

Tarifs
Adultes 8 €, enfants et étudiants 4 €.


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