L’arboretum de la sedelle
Par Iris Makoto
En parcourant ce jardin tout en douceur et courbes harmonieuses, nul ne pourrait imaginer qu’auparavant, cette verdoyante vallée abritait un ancien terrain agricole laissé aux caprices de la nature depuis une trentaine d’années.
Un long chemin a été parcouru depuis, puisque ce parc a été reconnu et classé "Jardin remarquable" par le Ministère de la Culture en 2004.
| | Grâce à l’acharnement des propriétaires passionnés, Philippe et Nell Wanty, ce lieu unique, a su, à la fois garder son |
âme agricole et la compléter en douceur d’une incroyable collection de végétaux, présentée sous forme de milieux naturels successifs créant ainsi "un paysage jardiné". Une intervention minimale de l’homme, des machines et produits chimiques permet à l’ensemble de créer cette ambiance à la fois très naturelle mais aussi parfois dépaysante.
La visite débute en pente douce dans la "prairie des chênes", ceinturée de murs de pierres, abri de tout un écosystème en éternel mouvement. Ce lieu impose sa force par la présence d’une trentaine d’espèces de chênes botaniques majestueux. A leurs pieds, un ancien abreuvoir, apporte une note de douceur par le doux murmure de l’eau répondant au léger souffle du vent dans les arbres.
Progressivement, la végétation au sol se fait plus rare, la lumière s’affaiblit : nous voilà dans la forêt de hêtres, où seuls les houx réussissent à survivre sous l’ombre épaisse de leur feuillage. Tendres parasites, ils s’agrippent désespérément aux troncs élancés de 25 à 30 mètres, tendant vers le ciel leurs brillantes feuilles acérées. Les vieux troncs de hêtres servent souvent de refuge à une faune variée : le pic noir aime en faire son nid, il cèdera sa place quelques années plus tard aux pigeons, aux chauves-souris ou à la chouette hulotte.
Au pied de cette forêt, une surprise nous attend : l’amphithéâtre de verdure ! Ouvrant la perspective sur un miroir reflétant le relief de quelques nuages dans un ciel bleu pur, il nous conduit à la mare ! Installé depuis près de trente ans, cet écosystème abrite une faune en constant mouvement pour le plus grand plaisir des enfants. Elle se révèle être le lieu idéal pour y mener des activités de découverte, de compréhension et de protection de la nature.
La flore aquatique sert de refuge aux batraciens, mais aussi de reposoirs à de nombreuses espèces de libellules et autres insectes ailés. Sur le bord, les cyprès chauves de Lousiane exposent leurs étranges racines verticales comme autant de doigts tendus vers le ciel.
| | Derrière la mare, un sentier grimpe, traversant une végétation indigène de bruyères et de genêts |
apparue après l’incendie de 1994 qui détruisit cette partie du jardin. Le moutonnement de ces végétaux de taille modeste nous transporte vers le paysage naturel de la colline qu’il contourne progressivement pour redescendre au travers d’un chaos granitique vers la Sédelle, tumultueux torrent en hiver, paisible rivière en été où batifolent avec joie de facétieuses loutres.
Partout les yeux se posent émerveillés sur des arbres et des arbustes peu communs à cette région et pour cause, Philippe Wanty a voulu reconstituer çà et là, les paysages des forêts américaines ou chiliennes, introduisant discrètement ceux-ci au paysage indigène.
Sur le chemin du retour, le jardin des cornouillers nous attend, fier de ses 26 espèces comportant un intérêt en toute saison puisque lorsqu’ils ne sont pas en fleurs, ces arbustes présentent de jolies baies attractives pour les oiseaux. Plus tard, l’écorce de certaines espèces se teintera de rouge flamboyant ou de jaune brillant apportant une touche de couleur et de chaleur au décor grisonnant des froides journées hivernales.
L’arboretum de la Sédelle réussit l’exploit d’intégrer au paysage de façon naturelle un agencement de collections botaniques très variées. Il présente en outre, une magnifique collection d’érables rassemblant plus de 130 espèces, à voir absolument en automne lorsque leurs feuillages découpés s’embrasent de mille feux !
Dans ce jardin extraordinaire, les liquidambars côtoient les tilleuls, les fusains et les viornes tandis que les sumacs s’intègrent par petites touches de couleurs comme autant de tableaux impressionnistes qui seraient réunis en un même musée de la nature à ciel ouvert.
Infos pratiques
Horaires d’ouverture :
du 1er mai au 31 octobre (jeudi, vendredi, samedi et dimanche) de 14h00 à 18h00.
Visites guidées (minimum de 10 personnes) : du 1er mai au 31 octobre, uniquement sur rendez-vous.
Tarifs :
Visite individuelle : 5 €
(gratuit pour les moins de 12 ans).
Visite guidée : 6 €
(minimum de 10 personnes, sur rendez-vous).
Contact :
Tél. : 0033(0)55 58 98 316
Web :
arbosedelle.free.fr