Jardin de curé le jardin de nos aïeux.

Par Martial Iratorza

Souvenirs de nos grands parents, comment imaginer un jardin de curé qu'aucune règle paysagère n'a jamais vraiment défini. Nostalgique de ces ambiances apaisantes, le jardinier aimera le mettre en œuvre.


Jardin de curé<br />
<small>le jardin de nos aïeux.</small>
Pour mener à bien son travail, le jardinier devra, ce qui n'est pas facile, mettre en œuvre un jardin dont les règles paysagères ne sont pas définies. C'est le client qui définira les grandes lignes de l'infrastructure du jardin en puisant dans ses souvenirs.

Au départ, les jardins de curé se trouvaient près des presbytères. Ils étaient plantés de massifs de fleurs disparates qui servaient souvent au fleurissement de l'église. On y rencontrait aussi des arbres fruitiers conduits en cordons, quelques légumes pour les soupes, des plantes condimentaires et surtout des plantes médicinales pour soigner le corps et l'âme. Le buis prenait aussi une bonne place pour la bénédiction des rameaux.

C'était aussi un jardin discret appelant à la méditation derrière de hauts murs garnis de rosiers grimpants aux troncs chenus et poussant librement. C'est le jardin des contrastes, des carrés de buis taillés entourant des massifs de fleurs opulents ou des plantes médicinales. (Les collectionneurs de plantes anciennes trouveront dans de tels jardins leur bonheur).

Ici, tout est en devenir, le "laissez aller" n'est qu'apparent, les pieds de tomates peuvent se trouver au milieu de calendulas ! Une statue, au pied envahi de lierre, représentant le saint du village appelle le visiteur à la méditation. Ça et là, des jardinières taillées dans la pierre, sont plantées de succulentes. Les allées gravillonnées cheminent vers des bancs de bois verdis, lieux de repos et de contemplation.
Une terrasse faite de pavés, cernée "de pierres debout", reçoit un mobilier hors d'âge et disparate, certainement des dons de fidèles.

Comment le mettre en œuvre ?


Si vous le faites à partir d’un ancien jardin, ce sera facile. Il vous suffira de travailler à partir des structures existantes.

Avec un petit jardin, vous pourrez mettre en place ce seul thème. Pour les grandes surfaces, vous délimiterez une surface pour mettre en œuvre ce type de jardin. Il sera délimité par des haies d’arbres et d'arbustes mélangés qui lui serviront d’écran pour surprendre le visiteur.

Pour commencer vraiment votre travail de création, vous ne devrez pas oublier cette règle : si le jardin de curé ne répond à aucun des styles de jardin structuré, le bric-à-brac de ces jardins était quand même organisé. Il ne doit en aucun cas ressemblé à un jardin abandonné mais à un jardin composé de strates successives au fil du temps.


Le jardin de curé sera toujours en évolution. Au fil des années et de vos découvertes, de nouvelles plantes viendront s'ajouter au décor.

Un savant mélange


Dans ce jardin, pas de déclinaisons savantes de couleurs, mais au contraire des couleurs vives avec en arrière-plan des couleurs aux tons "passés" rappelant d’anciennes tapisseries. Un rosier grimpant, comme la variété Pierre de Ronsard, sera idéal pour couvrir un mur et servir de fond à un massif de dahlias aux couleurs vives.
Au pied d’un tilleul, une ancienne margelle de puits, sert de banc et permet d'admirer toute une collection de joubarbes, retombant de vieux pots de terre cuite.

Dans un coin à mi-ombre, un carré fait d’acanthes, protège d'énormes pieds d'artichauts. Ils vont bientôt s'ouvrir pour laisser paraître de grosses pannicules bleues.
Sous un pommier, élégamment tordu par des tailles répétées et le temps, un tapis de pervenches panachées étale ses fleurs bleues. Le bord des allées gravillonnées est rongé par des érigérons conquérants. Au détour d'un virage, un banc de bois est presque dissimulé par des cosmos qui d'année en année se ressèment.

Le long d'un mur, où coure une treille au tronc noueux, prennent place des glaïeuls en nombre pour de futurs bouquets.
Au pied d’un escalier fait de pierres de linteaux de fenêtres, des opuntias essayent tant bien que mal de dresser leurs raquettes au milieu de sédums âcres poussant dans les joints de pierres.


Des objets, du mobilier...


Au fond du jardin, un petit bâtiment de pierres apparentes est dissimulé par un rosier grimpant aux opulentes fleurs blanches, à peine tachées par le vert métallique des cétoines dorées. Sur les tuiles moussues de cet abri, des joubarbes ont pris place. L'intérieur pour le jardinier réserve bien des trésors : de vielles sulfateuses en cuivre, un cueille-fruits richement décoré de magnifiques cloches de verre, des serfouettes aux formes étranges, une faux à la lame impressionnante montée sur un manche de bois travaillée à la plane et, bien alignée sur une étagère, des pots de verre pour recevoir les raisins de la treille pour la conservation. Sur la porte, un tablier de jardinier au bleu passé et un chapeau de paille à larges bords sont accrochés à une patère faite de bobine de fil vide tenue par une grosse pointe traversant de larges pièces de 2 centimes de franc en fer blanc.

Devant cet abri, s'alignent des arrosoirs et des brocs en fer de toutes formes. Les eaux de pluie captées par une dalle en zinc se déversent dans un vieux timbre en pierre qui fait office de réserve d'eau. Il est à peine dissimulé par de hautes sauges vivaces au bleu éclatant.
Le travail de conception du jardinier paysagiste pour ce type de jardin, ne pourra se limiter qu'à la planification de son ossature : dessiner les haies, tracer les allées, semer des espaces en gazon rustique riche en trèfles, planter les rosiers, les petits fruits comme les groseilles et les cassis.
Il aménagera deux ou trois massifs entourés de buis. Il pourra prévoir la plantation d’un ou deux tilleuls... En se servant de la topographie du terrain, il pourra élever des murets de pierres sèches et mettre en place les marches pour accéder aux différents niveaux.

Maintenant, c'est le propriétaire du jardin qui, au fil des ans, faisant les brocantes pour le mobilier de jardin, pratiquant les échanges de fleurs, le finalisera. Il n’existe pas un jardin de curé mais il en existe autant qu'il y a de jardiniers. Ne soyez pas presser, bientôt ce jardin de curé ou ce coin de jardin sera votre havre de paix.


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