Les remèdes et les pièges naturels
Par Isabelle Cabrit
Fonte des semis, mildiou, mouches et autres larves, à chaque plante son cortège de maladies et de parasites. Pourtant, malgré la menace de la limace, le jardinier "bio" s'est libéré des fongicides et des
insecticides chimiques dont la nocivité n'est plus à démontrer, pour se tourner vers des moyens de lutte plus naturels.
Contre les maladies
Pour faire face aux maladies fongiques (maladies causées par des champignons), le jardinier à deux solutions : prévenir ou guérir. En agriculture biologique, les fongicides sont davantage efficaces s'il sont utilisés en prévention.
Les plus utilisés sont les fongicides minéraux :
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à base de cuivre, sous forme de bouillie bordelaise (20 % de cuivre. Doses d'emploi : 5 à 25 g/l.) ou d'oxychlorure de cuivre (50 % de cuivre métal. Doses d'emploi : 2,5 à 5 g/l.), pour lutter entre autre contre le chancre bactérien, la cloque, le mildiou, la moniliose, la tavelure...
Attention toutefois d'utiliser le cuivre avec parcimonie : son accumulation dans les sols peut poser des problèmes écologiques, de même qu'un surdosage peut entraîner des brûlures sur les plantes.
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à base de soufre, sous forme de poudre (20 g pour 10 m2) ou de soufre mouillable (à diluer 7,5g à 10g / 10l d'eau) pour lutter contre l'oïdium ou la tavelure.
Viennent ensuite les fongicides végétaux et notamment les diverses préparations à base de plantes comme les purins et les décoctions (lire l'article "Les purins de plantes"). Les plus utilisés sont le purin d'ortie pour combattre entre autres l'oïdium et le mildiou ainsi que le purin de prêle, efficace contre le mildiou, l'oïdium, la rouille et la tavelure. Les macérations ou infusions à base d'ail sont également utilisées à titre préventif contre les maladies cryptogamiques. Pour clôturer le chapitre des fongicides végétaux, peut être également cité le charbon de bois, qui, mélangé aux semences, permet de lutter contre la fonte des semis.
Rappel : le non respect des "bonnes" pratiques culturales, comme un excès d'azote (engrais, compost jeune), une serre ou châssis mal aéré... est souvent à l'origine de l'apparition de maladies.
Conseil : les plantes potagères se déclinent en de multiples variétés : choisissez les plus résistantes !
Les barrières
Le meilleur moyen de lutter contre un ravageur est de l'empêcher de venir au milieu des cultures :
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Les filets de protection : déposés sur les cultures, leurs mailles très fines empêchent les mouches, les papillons et autres coléoptères de s'approcher des légumes qu'ils se plaisent de piquer ou sur lesquels ils installent larves et chenilles dévoreuses. -
Les clôtures naturelles : elles s'utilisent principalement contre les limaces. Ainsi, une barrière de cendre de bois, de coquilles d'œufs brisés, ou de paillis de lin peut tenir à distance les mollusques. Elles sont cependant éphémères, les pluies et les vents ayant raison de ces frêles murailles, et demandent à être réinstallées régulièrement. Des clôtures, mais d'une autre taille, sont également utiles si vous devez faire face aux attaques de lapins : un grillage de 1,50 m de hauteur et enterré sur 15 cm de profondeur tout autour du jardin, fera alors l'affaire.
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Les plantes répulsives : certaines plantes à odeurs fortes jouent le rôle de répulsif . Placées proche des légumes sensibles, elles peuvent tenir à distance les aleurodes, les altises, les nématodes et autres pucerons. Parmi les incontournables, l'œillet d'inde, le souci, la lavande, l'aneth, le fenouil et de nombreuses autres aromatiques et ombellifères (lire l'article "Les associations de plantes").
Les pièges
Lorsqu'il n'existe pas de barrières efficaces, le jardinier bio à recours aux pièges. La limace a, ici aussi, été source d'inspiration : pot de fleurs renversé, planche ou tuile font autant d'abris sous lesquels elles viennent se cacher... en attendant de se faire cueillir ! Les pièges à bière sont régulièrement utilisés par les jardiniers, mais également appréciés des hérissons : à éviter ! Et si les barrières et les pièges ne suffisent pas, vous pouvez toujours avoir recours aux granulés anti-limaces de ferramol (orthophosphate de fer), un appât naturel que l'on trouve dans le commerce et qui est utilisable en agriculture biologique.Les insectes sont tout autant des proies privilégiés pour les pièges :
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les pièges chromatiques : aleurodes, mineuses, mouches, noctuelles, pucerons… sont attirés par la couleur jaune de ces plaques collantes sur lesquelles ils viennent s'engluer et mourir. La couleur bleu quand à elle, attire les thrips.
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les pièges à phéromones : les phéromones sexuelles utilisées dans des pièges entonnoir attirent et emprisonnent les ravageurs mâles, empêchant ainsi leur reproduction.
Les insecticides
Plus drastique que les méthodes précédentes, l'utilisation d'insecticides naturels n'est pas nouvelle :
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le savon noir : dilué dans de l'eau (à 3 % de savon : soit pour 10 litres d'eau, 300 ml de savon noir) et pulvérisé sur les plantes, il débarrasse les plantes des pucerons, des thrips, des cochenilles et des acariens.
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les macérations de plantes. Là aussi, les divers purins et décoctions ont prouvé leur efficacité : le purin de fougère contre les pucerons, les cicadelles, les limaces et les taupins ; le purin d'ortie contre les pucerons ; le purin d'absinthe contre les limaces, les pucerons, les fourmis, les carpocapses, les piérides du chou, les vers des fruits, etc.
Les auxiliaires
Et si vous ne vous en sortez pas tout seul, faites appel aux auxiliaires ; en préservant l'habitat des hérissons, des crapauds, des coccinelles, des oiseaux, des guêpes et autres insectes
(lire "Attirer oiseaux, insectes et autres petites bêtes bienfaisantes"), ces derniers resteront près du potager pour se nourrir de vos ravageurs !