Les méthodes de fertilisation d'un jardin bio

Par Isabelle Cabrit

Contrairement à l'agriculture dite «conventionnelle» qui nourrit directement la plante avec des engrais chimiques, le jardinier bio fertilise le sol. Fertiliser le sol signifie le rendre plus riche et productif, c'est-à-dire augmenter sa capacité à nourrir les plantes qui s'y développent. Mais comment s'y prend-t-on ?


Les méthodes de fertilisation<br />
d'un jardin bio


Les composants
de la fertilité du sol


Les cultures se nourrissent des richesses de la terre. Si à terme le jardinier ne lui rend pas ce que les plantes prélèvent, elle s'appauvrit.
Pour fertiliser le sol, l'intervention se fait sur les 3 éléments fondamentaux qui le composent :

l'humus : il s'agit de la matière organique (déchets végétaux et animaux) en décomposition sur le sol. Non seulement il constitue la grande réserve d'aliments nutritifs, d'eau et d'air du sol mais il est également le garant de sa bonne structure, c'est-à-dire de sa «fertilité physique» (aéré, drainant, résistant à l'érosion) et de sa «fertilité chimique» (notamment sa capacité à résister aux variations du pH). L'intervention du jardinier consiste donc à préserver ou augmenter l'humus.

le pH : un sol peut être tendance acide, neutre ou à tendance basique (ou alcalin : sols calcaires). L'idéal pour un jardin est de s'approcher de la neutralité. Sur les sols trop calcaires, l'assimilation du fer par les plantes est perturbée tandis que l'eau est mal retenue. Sur les sols trop acides, hormis pour les plantes acidophiles, certains éléments (manganèse, aluminium et fer) sont absorbés en fortes doses par les plantes, ce qui les empoisonnent. Le jardinier peut donc être amener à corriger le pH du sol.


Les éléments nutritifs : afin d'assurer leur croissance, les plantes ont besoin de carbone, d'hydrogène et d'oxygène, mais aussi d'azote, de phosphore, de potasse, de magnésium, de calcium, de soufre et d'oligo-éléments. Si les trois premiers éléments sont fournis par l'air, les autres sont puisés dans le sol. A force de cultures, les réserves en éléments nutritifs s'amenuisent. Des apports d'engrais sont alors nécessaires.

Comment fertiliser
son jardin ?


Il existe diverses solutions, en agriculture biologique, pour améliorer et nourrir le sol, dont la plupart ont des effets multiples :

1 - L'apport de compost : non seulement il permet d'augmenter le taux d'humus du sol mais sa haute teneur en éléments minéraux permet de le nourrir. Bien mûr, il est incorporé au sol, en surface, au cours de l'automne ou avant un semis.

2 - L'apport de fumier : riche en micro-organismes et en paille, il régénère l'humus et améliore la structure du sol.
Plus ou moins riche en éléments minéraux, il peut être parfois utilisé pour enrichir la terre (fumier de volaille).



L'idéal est de l'utiliser en automne, après l'avoir composté, d'une part pour supprimer tous les germes porteurs de maladies et les graines de mauvaises herbes qui peuvent s'y trouver et d'autre part pour éviter de provoquer une carence en azote : en effet, sa décomposition nécessite une quantité d'azote importante, qu'il puise dans la terre et qui se trouvera par la suite en quantité insuffisante pour assurer le développement des plantes.

3 - La culture d'engrais verts : faire pousser de la phacélie, de la luzerne ou du trèfle entre deux cultures potagères permet non seulement d'apporter de la matière organique lorsqu’une fois fauchées et incorporées au sol, les feuilles et les tiges se décomposent, mais également de fixer et retenir certains sels minéraux nécessaires au développement des cultures potagères futures, comme l’azote, le potassium ou le phosphore.



4 - Les engrais : ils viennent en complément du compost et des engrais verts, pour combler les carences du sol. Les plus utiles au potager sont les engrais à dominante azotée, les autres éléments nutritifs manquant rarement à l'appel. Les carences en azote se traduisent par la formation de plantes chétives et le jaunissement des feuilles anciennes. Les engrais les plus utilisés sont alors :

- la poudre de sang, dont l'action rapide permet de l'épandre directement sur les cultures en place.

- la corne broyée dont l'azote est libéré plus progressivement ; à incorporer au sol quelques semaines avant la mise en place des cultures ou directement, comme la poudre de sang.

- le guano, également riche en phosphore, considéré comme un engrais «coup de fouet» car son action est extrêmement rapide ; il s'utilise lors des semis ou des plantations ou bien encore en période de croissance.


- Les purins de plantes (ortie, consoude), rapidement assimilables par les cultures. Ils sont à verser dilués aux pieds des plantes durant leur croissance.

Attention : un excès d'azote se traduit par une plante sensible aux maladies.

5 - Les amendements : ils sont utilisés pour améliorer la structure du sol et corriger son taux d'acidité. Les apports se font en plusieurs fois et à petites doses.

- sur les sols plutôt acides, les amendements utilisés sont à dominante calcaire : calcaire broyé, dolomie, marne, cendre de bois, maërl, lithothame (ressource menacée !). Les apports sont effectués en automne ou au début de l'hiver.

- Sur les sols pauvres et calcaires, sont utilisés les amendements à dominante siliceuse (poudre de roches) ou bien les amendements organiques du type «terre Bruyère».

Les amendements et les engrais sont épandus et incorporés au sol à l'aide d'une griffe ou d'un râteau.


Lexique :


- pH : mesure de l'acidité ou de l'alcalinité du sol. Le pH d'un sol fertile se situe entre 6 et 7.
Inférieur à 7, il est dit acide.
Supérieur à 7, il est dit basique.
Il existe des kits d'analyses du sol qui permettent de mesurer le pH. Ils sont disponibles en jardinerie.

- Acidophiles : plantes se développant en milieu acide.


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