Les grandes serres du jardin des plantes à Paris
Par Iris Makoto
Les grandes serres du jardin des plantes, structures imposantes de verre et d'acier, lieu empreint d'histoire au plein cœur du cinquième arrondissement de Paris, recueillent depuis près de 300 ans une collection de plantes venant des quatre coins du globe.
Au départ du projet : une simple orangerie, pour protéger des gelées les plantes fragiles ramenées de lointaines contrées, puis, la première serre édifiée en 1714 pour abriter un plant de café, précieuse propriété du roi Louis XIV.
Au fil des siècles, l'utilisation du métal et du verre permirent de construire les plus grandes serres au monde. Véritables prototypes profitant des progrès du XIXe siècle, ces serres étaient alors chauffées à la vapeur !
Ce n'est qu'en juin 2010 que les serres rénovées et nouvellement agencées s'ouvrent à nouveaux pour le plus grand plaisir des petits et des grands qui embarqueront alors pour un voyage passionnant au cœur de la biodiversité végétale.
La visite débute par la grande serre tropicale, là, se développe une végétation exubérante couvrant chaque centimètre carré du sol au plafond, situé tout de même à 15 mètres de hauteur !
L'atmosphère est brumeuse, l'humidité omniprésente. Les fromagers, cacaoyers, caféiers et palmiers grimpent à l'assaut de la verrière.
Partout, des lianes à la floraisons surprenantes se mêlent aux autres végétaux ; aristolochia gigantea portant fièrement ses grandes fleurs rouge foncé marbré de brun à la forme évocatrice de cœurs renversés, monstera au feuillage étonnamment découpé, vanillier aux gousses pendantes, forment une jungle épaisse et impénétrable.
Près de l'eau les grandes feuilles des alocasias se balancent délicatement au moindre souffle d'air. Partout autour, des plantes épiphytes colonisent les troncs : festival d'orchidées, de tillandsias et de broméliacées en tous genres.
Les yeux encore écarquillés par tant de merveilles, le visiteur passe alors dans la galerie attenante consacrée aux milieux désertiques : contraste assuré !
Nous pénétrons là, dans le domaine des plantes succulentes et des cactées qui ont su développer de surprenantes facultés d'adaptations afin de résister à des températures extrêmes et à un ensoleillement intense.
Chaque plante propose une stratégie pour économiser l'eau si précieuse en ces lieux : caudex chez les raphionacmes, les jatrophas ou les pachypodiums, transformation des feuilles chez les lithops, ces étonnantes plantes cailloux qui ressemblent à s'y méprendre à des pierres, ou couverture de denses épines pour limiter les déperditions en eau chez les échinocactus et autres opuntiacées.
Les enfants s'exclament et s'étonnent de ces formes étranges si peu communes dans nos contrées !
Non loin de là, à la sortie de la serre, une autre surprise attend petits et grands : le grand rocher. Cette grotte reconstituée, lieu humide d'où l'on peut admirer la serre tropicale juste sous nos pieds abrite un escalier servant d'agréable transition entre deux zones climatiques.
Nous voici dans la serre de Nouvelle-Calédonie, étonnant mélange de plantes émaillé d'écrans et de bornes interactives diffusant sons et informations sur les cinq milieux représentés.
Tout d'abord, faisons connaissance avec maquis minier...L'endémisme y est exceptionnel : les plantes poussent sur des roches riches en nickel, cobalt, fer et chrome. Pour survivre, elles ont dû s'adapter aux accumulations de métaux dans leurs tissus en développant des feuilles vernies, coriaces ou enroulées. Beaucoup vivent en symbiose avec les mycorhizes, ces micro champignons, qui en colonisant leurs racines les aident à se développer et à se nourrir.
Faisant face au maquis minier, la forêt humide déploie ses trésors : c'est le royaume des fameuses fougères arborescentes, des palmiers, conifères, mousses, lichens et orchidées. Plus de 2 000 espèces de plantes sont présentes dans cette forêt de Nouvelle-Calédonie dont 82 % sont endémiques, d'où l'importance de sa protection.
C'est aussi le cas de la forêt sèche, très vulnérable, qui est aujourd'hui réduite à cause des activités humaines et des espèces invasives parfois introduites par l'homme. Cette forêt est constituée de petits arbres et arbustes mais aussi de lianes adaptées à la sécheresse, elle abrite quantité de plantes rares et remarquables ainsi qu'une faune très riche.
Accolé au maquis minier, voici la savane qui se substitue aux forêts après leur disparition souvent due aux incendies fréquents, niaoulis à l'écorce exfoliée, buissons bas et herbes sèches la caractérisent.
Nouvelle-Calédonie, terre de contrastes avec la mangrove, lieu de rencontre entre la terre et l'eau qui se mêlent en un écosystème étonnant, sanctuaire d'une biodiversité où poissons, oiseaux, et crustacés pullulent. Ici, les arbres dont les racines seraient étouffées par l'eau saumâtre ont élaboré des pneumatophores, sortes de moignons aériens permettant les échanges gazeux, véritables miracles de l'adaptation.
Petit passage en extérieur pour rejoindre la serre de l’histoire des plantes qui retrace chronologiquement l'évolution des végétaux depuis leur sortie des eaux jusqu'à l'apparition des fleurs. C'est un voyage au travers des ères qui attend ici le visiteur, où troncs fossilisés et reconstitutions de plantes disparues côtoient les actuels représentants de groupes végétaux apparus depuis des millénaires comme certaines fougères, les très graphiques équisétums ou les célèbres cycas, toujours présents dans nos jardins et vénérables témoins de ces temps révolus.La visite se termine ainsi, dans un monde dominé par les fleurs mais dans lequel persiste encore des formes anciennes de ces plantes terrestres. Le visiteur prend alors conscience de la fragilité des milieux qui abritent ces plantes et de l'enjeu considérable de leur préservation.
Ce voyage au travers des temps et des continents aura été porteur d'espoir ; espoir en la vie qui sait si bien s'adapter et se perpétuer et espoir dans le futur respect de cette nature à la fois si fragile et si forte.
Informations pratiques
Adresse : Jardin des Plantes, 57 rue Cuvier, 2 rue Buffon, 36 rue Geoffroy-Saint-Hilaire, place Valhubert, 75005 Paris.
Ouvert tous les jours de 07 h 30 à 19 h 45
en période d’été.
Ouvert tous les jours de 08 h 00 à 17 h 30
en période d’hiver.
Renseignez-vous au 01 40 79 56 01.
Horaires d'ouverture des grandes serres :
En été : de 10 h à 18 h jusqu'à 18 h 30
le dimanche.
En hiver : de 10 h à 17 h.
Les grandes serres sont fermées le mardi.
Fermeture des caisses 45 minutes avant la fermeture des serres. Les serres sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Certains éléments muséographiques permettent une approche tactile intéressante pour les personnes en situation de déficience visuelle.
Accès :
Bus : Lignes 24, 57, 61, 63, 67, 89 et 91.
Batobus : arrêt Jardin des Plantes.
Métro, RER : ligne 5 Austerlitz – ligne 7 Censier Daubenton – ligne 10 Jussieu ou Austerlitz -
RER C.
Gare SNCF : Gare d'Austerlitz et Gare de Lyon.
Parking d'Austerlitz (Verrière), 85 quai d'Austerlitz, 75013 Paris - Forfait Muséum : 1 heure offerte dès 3 heures de stationnement. À votre retour au parking, présentez vos billets de visite et de stationnement à l'accueil.